Cour de cassation, Commercial Chamber, 8 March 2011 Beneteau Entreprises Corporation v Panagia Odigitria - French International Arbitration Law Reports: 2011
Originally from French International Arbitration Law Reports: 2011
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ORIGINAL |
TRANSLATION |
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Audience publique du 8 mars 2011 |
Public hearing of 8 March 2011
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Rejet |
Dismissal
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Mme PINOT, conseiller doyen faisant fonction de président |
Mrs PINOT, senior judge acting as presiding judge |
Arrêt n° 202 F-D |
Decision n° 202 F-D |
Pourvoi n° U 09-13.830 |
Petition n° U 09-13.830
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REPUBLIQUE FRANCAISE AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS |
FRENCH REPUBLIC IN THE NAME OF THE FRENCH PEOPLE
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LA COUR DE CASSATION, CHAMBRE COMMERCIALE, FINANCIERE ET ECONOMIQUE, a rendu l’arrêt suivant:
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THE COUR DE CASSATION, COMMERCIAL, FINANCIAL AND ECONOMIC CHAMBER, has rendered the following decision: |
Statuant sur le pourvoi formé par la société Beneteau Entreprises Corporation, société de droit des îles Marshall, dont le siège est Trust Company Complex Ajeltake Road, Ajeltake Islands, Majuro MH, 96960 Majuro (Iles Marshall),
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Ruling on the petition of Beneteau Entreprises Corporation, a Marshall Islands company, seated Trust Company Complex Ajeltake Road, Ajeltake Islands, Majuro MH, 96960 Majuro (Marshall Islands), |
contre l’arrêt rendu le 24 mars 2009 par la cour d’appel de Rouen (2e chambre), dans le litige l’opposant à la société Panagia Odigitria, société de droit panaméen, dont le siège est Hong Kong Bank Building 6th Floor, Samuel Lewis Avenue, Panama (République de Panama),
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Against the decision dated 24 March 2009 of the Rouen Court of Appeal (énd chamber), in a dispute against Panagia Odigitria, a Panamean law company seated in Hong Kong Bank Building, 6th floor, Samuel Lewis Avenue, Panama (Republic of Panama), |
défenderesse à la cassation; |
Defendant to the petition;
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La demanderesse invoque, à l’appui de son pourvoi, les trois moyens de cassation annexés au présent arrêt; |
Claimant invokes in support of its petition, the three grounds annexed to this decision; |
Vu la communication faite au procureur général; |
Given the communication made to the attorney general;
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LA COUR, en l’audience publique du 1er février 2011, où étaient présents: Mme Pinot, conseiller doyen faisant fonction de président, M. Potocki, conseiller rapporteur, M. Albertini, conseiller, Mme Arnoux, greffier de chambre;
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THE COURT, at the public hearing of 1 February 2011, in the presence of: Mrs Pinot, senior judge acting as presiding judge, Mr Potocki, reporting judge, Mr Albertini, judge, Mrs Arnoux clerk of the chamber;
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Sur le rapport de M. Potocki, conseiller, les observations de Me Foussard, avocat de la société Beneteau Entreprises Corporation, de Me Le Prado, avocat de la société Panagia Odigitria, l’avis de M. Bonnet, avocat général, et après en avoir délibéré conformément à la loi; |
On the basis of the report of Mr Potocki, judge, the comments by Me Foussard, counsel to Beneteau Entreprsies Corporation, of Me Le Prado, counsel to Panagia Odigitria, the advice of Mr Bonnet, attorney general, and after deliberation in accordance with the law;
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Attendu, selon l’arrêt attaqué (Rouen, 24 mars 2009) que, par contrat du 12 novembre 2007, la société Beneteau Entreprises Corporation (la société Beneteau) s’est portée acquéreur auprès de la société Panagia Odigitria (la société Panagia) du navire “Mastrogiorgis” battant pavillon panaméen; que le 25 décembre 2007, la société Panagia a notifié à la société Beneteau la résiliation du contrat au motif que le prix n’aurait pas été réglé dans le délai convenu; que, faisant valoir que la société Panagia n’avait pas respecté ses obligations, la société Beneteau a saisi un tribunal arbitral londonien conformément à la clause d’arbitrage prévue dans le contrat et a fait procéder à la saisie conservatoire du navire “Mastrogiorgis”, en vertu de l’autorisation d’un juge grec; que le 31 mars 2008, la société Panagia a obtenu du tribunal de première instance du Pirée, après débat contradictoire entre les deux parties, la mainlevée de cette mesure; que le 9 mars 2009, sur demande de la société Beneteau, le président du tribunal de commerce de Rouen a autorisé la saisie conservatoire du “Mastrogiorgis”, présent au port de Rouen; que la société Panagia ayant assigné en référé la société Beneteau pour voir rétracter cette décision, le président du tribunal de commerce de Rouen a, le 16 mars 2009, confirmé son ordonnance en ce qu’elle avait autorisé la saisie conservatoire du navire;
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Whereas, according to the challenged decision (Rouen, 24 March 2009) by contract dated 12 November 2007, Beneteau Entreprises Corporation (Beneteau) purchased from Panagia Odigitria (Panagia) the “Mastrogiorgis”, a Panamean ship; that on 25 December 2007, Panagia notified the termination of the contract to Beneteau on the ground that the price had not been paid within the agreed time; that, noting that Panagia had not respected its obligations, Beneteau petitioned a London arbitration tribunal in accordance with the arbitration agreement contained in the contract and obtained a garnishment of the “Mastrogiorgis” in accordance with an order obtained from a Greek judge; that on 31 March 2008, Panagia obtained from the court of first instance of Piraeus, after inter partes debate between the parties, the release of the garnishment; that on 9 March 2009, upon request from Beneteau, the president of the commercial court of Rouen authorized the garnishment of the “Mastrogiorgis”, which was in the Rouen harbour; that Panagia having summoned Beneteau to a provisional hearing in order to obtain the release, the president of the Rouen commercial court confirmed, on 16 March 2009, his order for the garnishment of the boat; |
Sur le premier moyen:
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On the first ground: |
Attendu que la société Beneteau fait grief à l’arrêt d’avoir infirmé l’ordonnance du 16 mars 2009, rétracté l’ordonnance du 9 mars 2009 et ordonné la mainlevée de la saisie conservatoire pratiquée sur le navire “Mastrogiorgis”, alors, selon le moyen, qu’une mesure de contrainte, supposant le concours de l’autorité étatique ou d’un délégataire de l’autorité étatique, aurait-elle un caractère provisoire, telle qu’une saisie conservatoire, n’a d’effet que sur le territoire de l’autorité qui la prescrit; qu’il en va de même d’une décision portant mainlevée dès lors que la mesure visée par la mainlevée n’avait elle-même d’effet que sur le territoire de l’autorité qui l’a prescrite; qu’en l’espèce, tout comme la décision ayant autorisé en Grèce la saisie conservatoire du navire “Mastrogiorgis”, la décision du tribunal de première instance de Pirée du 31 mars 2008 n’avait d’effet que sur le territoire grec; qu’en décidant le contraire, pour considérer que le jugement du 31 mars 2008 s’opposait à une mesure conservatoire sollicitée auprès du juge français, le navire étant en France, les juges du fond ont violé l’article 31 du règlement n° 44/2001 du 22 décembre 2000, dit Bruxelles I, ensemble le principe suivant lequel les mesures de contrainte relevant du monopole de l’Etat local n’ont d’effet que sur le territoire national;
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Whereas Beneteau challenges the decision for having reversed the 16 March 2009 order and the 9 March 2009 order and ordered the release of the garnishment on the “Mastrogiorgis”, whereas, according to the ground, a measure of constraint, requiring the help of governmental authorities or of a representative of the government, even if provisional, such as a garnishment, only has effect on the territory of the authority ordering it; that the same goes for a release order, since the order from which release is sought only applied on the territory of the authority granting it; that in this case, just like the Greek decision having authorised the garnishment of the “Mastrogiorgis”, the decision of the court of first instance of Piraeus of 31 March 2008 only had effect on the Greek territory; that by ruling to the contrary and considering that the 31 March 2008 decision prevented a French judge from issuing provisional relief, the boat being located in France, the trial judges violated Article 31 of Regulation 44/2001 of 22 December 2000 (Brussels I), along with the principle according to which constraint measures that a local government alone can issue, only have effect on the territory of that State; |
Mais attendu que, saisie d’une demande de mesure conservatoire préalablement rejetée par une décision rendue dans un autre Etat membre, qu’elle était tenue de reconnaître en vertu de l’article 33, paragraphe 1, du règlement n° 44/2001 du 22 décembre 2000, dit Bruxelles I, c’est à bon droit que la cour d’appel, refusant de substituer son appréciation sur le bien fondé de cette demande à celle déjà faite, a retenu qu’il ne pouvait être soutenu que la décision grecque n’aurait qu’une portée limitée au territoire grec; que le moyen n’est pas fondé;
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But whereas, petitioned with a request for provisional measure already denied by an order rendered in another member State, which it was bound to recognize pursuant to Article 33 para. 1 of Regulation 44/2001 of 22 December 2000 (Brussels I), it is rightly that the court of appeal, refusing to substitute its reasoning on the validity of this request to that of the prior court, held that it could not be argued that the Greek decision was limited in scope to the Greek territory; that the ground is not founded; |
Sur le deuxième moyen et le troisième moyen, réunis:
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On the second and third ground taken together: |
Attendu que la société Beneteau fait encore le même grief à l’arrêt, alors, selon le moyen:
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Whereas Beneteau challenges the decision in the same manner, on the ground that: |
1°/ qu’une décision étrangère, quand bien même serait-elle reconnue par le for, ne peut s’opposer à une demande que si les conditions de l’autorité de chose jugée sont remplies; que l’exception de chose jugée doit être écartée dès lors que le droit étranger, sur la base duquel le juge étranger s’est prononcé, est distinct, quant aux conditions qu’il pose, du droit du for sur le fondement duquel la demande est présentée; qu’en effet, en pareille hypothèse, l’identité de cause fait défaut; qu’en opposant l’autorité de chose jugée attachée au jugement grec du 31 mars 2008, quand il constatait que les conditions de la saisie conservatoire étaient différentes, en droit grec et en droit français, les juges du fond ont violé l’article 1351 du code civil, ensemble les règles gouvernant l’autorité de chose jugée attachée aux jugements étrangers;
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1. a foreign decision, even if recognized locally, can only bar a request if the conditions for res judicata are met; that res judicata does not apply where the foreign law, on the basis of which the decision was rendered, is distinct, in the conditions it imposes, from the local law on the basis of which the request is made; that in fact, in such a case, the identity of cause is lacking; that by saying that the Greek decision of 31 March 2008 was res judicata, while noting that the conditions for garnishment were different under Greek and French law, the trial judges violated Article 1351 of the Civil code, along with the rules applying to the res judicata effect of foreign decisions; |